Le premier jour, Icham lui fit visiter l’île, une île merveilleuse remplie d’arbres fruitiers, de collines, de plaines et de falaises. L’après-midi, Icham fabriqua un lit pour Circé.
Le soir venu, elle se décida à lui poser ses questions,
« Heu… Icham depuis combien de temps vous trouvez-vous sur cette île ?
– Depuis 42 ans » répondit le vieil homme d’un ton ferme comme s’il ne voulait pas répondre aux prochaines questions.
– Et comment êtes-vous arrivé ici ? » continua Circé.
Comme prévu Icham ne répondit pas. Elle n’insista pas et alla se coucher en essayant de savoir comment élucider ce mystère. Si Icham ne lui dévoilait pas tout, c’est qu’il ne lui faisait pas pleinement confiance. Et c’est ce à quoi pensa directement Circé. Elle chercha comment trouver l’occasion de lui prouver sa confiance. Elle essaya mais en vain. Ce moment-là se présenta à l’improviste : c’était un jour de marée basse où Icham avait décidé d’aller pêcher. Il y resta plusieurs heures mais la marée haute remonta plus vite que prévue. A ce moment-là, Circé entendit Icham appeler à l’aide. La jeune fille accourut sur le bord de la plage et aperçut Icham sur un petit îlot. Circé prit une liane assez longue, l’attacha à une pierre, et la lui lança. Icham s’attacha à la corde et la jeune fille la tira depuis l’autre rive. De retour sur la plage, le vieil homme reprit sa respiration et ils retournèrent à la grotte. Circé alluma la cheminée et déplaça un tabouret prêt du feu pour qu’Icham puisse se réchauffer. Sans que Circé ne s’y attende, Icham décida de se confier à elle.
« Tu sais, Circé, que je viens du même pays que toi, mais aussi du même village. »
Circé, bouche bée, demanda :
« Mais comment es-tu arrivé ici ?
– Comme toi, emporté par un ouragan.
– Mais comment se fait-il que vous ayez été sur la plage à ce moment-là ? » demanda Circé.
– Je ne pense pas que je puisse… » dit-il.
Mais Circé regarda Icham et Icham regarda Circé puis il se rappela qu’elle l’avait sauvé. Alors il lui expliqua sa présence sur cette plage lors de l’ouragan.
« Tout d’abord tu dois savoir que je ne vivais pas comme tout le monde : ma famille possédait un objet spécial. L’objet en question est une baguette magique. Et c’est avec cette baguette que je me suis retrouvé sur cette plage. Un jour d’orage, alors que je m’étais caché pour faire léviter des rochers à l’aide de cette fameuse baguette, j’aperçus un ouragan arriver. Je pris mes jambes à mon cou et m’en allai par l’échelle qui rejoignait le chemin. Mais l’orage était déjà trop près, l’échelle prit la foudre et moi avec. L’ouragan m’emporta et quelques heures plus tard, j’atterris sur l’île toujours la baguette en main. A mon arrivée sur l’île je me perdis dans les bois et trouvai … une grotte habitable. Je fabriquai une cheminée et un lit, mais plus jamais je ne me servis de la baguette ».
– L’as-tu toujours? demanda Circé.
– Oui, je l’ai encore » dit-il en allant la chercher.
Quand il revint, il montra à Circé une baguette magnifique d’environ vingt centimètres avec pour manche un aigle gravé en ivoire et le bout en or blanc.
« Quel genre de sort pouvons-nous lancer ? , demanda Circé.
– Cette baguette n’est pas des plus rares, mais nous pouvons lancer un bon nombre de sortilèges et j’aimerais t’apprendre à t’en servir car mon heure va bientôt arriver et plusieurs navigateurs ont déjà accoster sur cette île. Je leur ai effacé la mémoire et les ai renvoyés de là où ils venaient. Personne ne doit découvrir son existence car elle contient un minerais très rare », déclara Icham.
A ces mots, Circé éclata de joie, et sitôt dit, sitôt fait, le lendemain matin, Icham réveilla Circé à l’aube et lui apprit à bien manier sa baguette.
« Tiens-la fermement, avec l’index dans le sens de la longueur… » lui dit-il.
Ce fut comme cela pendant plusieurs semaines : un jour, un sortilège.
Circé prenait vite goût à cette nouvelle vie et commençait à se perfectionner en magie. Un beau jour d’hiver, Icham alla pêcher et attrapa un gros rhume. Circé essaya de le soigner par la magie, mais en vain, car le seul sort qu’elle maîtrisait parfaitement était le sort de métamorphose en animaux qu’elle avait déjà testé sur Icham à plusieurs reprises.
La maladie d’Icham ne faisait qu’empirer. Circé se précipita pour aller chercher des plantes, mais à son retour il était déjà trop tard car Icham était très souffrant et vivait ses derniers instants. Circé se tenait à genoux devant lui et il lui dit :
« Circé, garde la baguette et protège l’île ».
Sur ces derniers mots, son souffle se coupa. Icham était mort !
Circé en pleurs décida d’aller l’enterrer de ses propres mains ; elle creusa un trou et y déposa le corps d’Icham. Encore sous le choc, elle rentra à la grotte et se rappela que personne ne devait découvrir l’existence de l’île…
